Sandrine Sommer veille aux impacts de Moët Hennessy
Publié par Emilie Kovacs, fondatrice et rédactrice en chef d'EKOPO le | Mis à jour le
La directrice du développement durable de l'antenne Vins et Spiritueux de LVMH a articulé sa stratégie autour du programme "living soils, living together" (ndlr : sols vivants, vivre ensemble). Décrytage.
Sandrine Sommer est la directrice du développement durable de Moët Hennessy, volet vins et spiritueux du premier groupe mondial de luxe, depuis un an. Fidèle du groupe LVMH, elle a fait ses armes chez Guerlain (durant 15 ans), mais aussi Make Up For Ever et Moët & Chandon. Cela fait une quinzaine d'années qu'elle officie sur le champ de la RSE. Son crédo : " la qualité d'un produit dépend de son écosystème ".
Sa mission depuis le 15 avril 2020: veiller aux impacts des 25 maisons françaises et internationales de champagnes, spiritueux, vins effervescents et vins tranquilles qui composent Moët Hennessy. Elle " structure, fixe des objectifs, harmonise ". Elle a articulé la stratégie de développement durable autour du programme "living soils, living together" (ndlr : sols vivants, vivre ensemble). Ses chantiers : la régénération des sols, l'impact carbone, l'engagement sociétal et l'implication des collaborateurs.
Des conférences sur la biodiversité
Justement, pour sensibiliser les collaborateurs aux enjeux de préservation et régénération de la biodiversité, Sandrine Sommer a imaginé une semaine de conférences. Du 18 au 21 mai, elle a piloté quatre conférences ("talk series") autour de la biodiversité filmées et retransmises en direct et en replay à l'ensemble des collaborateurs Moët Hennessy. Chercheurs, scientifiques, viticulteurs ou encore présidents de Maisons ont témoigné à la journaliste Daphné Roulier l'importance de préserver les organismes vivants.
Gilles Boeuf, expert en physiologie environnementale et biodiversité, Marc-André Sélosse, microbiologiste spécialisé en botanique et mycologie et Frédéric Gallois, directeur opérationnel des vignobles de Moët&Chandon et Ruinart ont expliqué combien les micro-organismes sont les acteurs indispensables de nos sols. Le jour d'après, Thierry Dufresne, directeur de l'Observatoire Français d'Apidologie, Frédéric Malher, vice-président du Centre Ornithologique et délégué de la Ligue de Protection des Oiseaux Ile-de-France, Béatrice et Gilbert Cochet, auteurs de "L'Europe Réensauvagée vers un nouveau monde" (Actes Sud 2020), Jessica Julmy, directrice du domaine Château Galoupet et Vincent Erret, vigneron tractoriste de Veuve Clicquot ont raconté comment abeilles et oiseaux sont les héros de nos éco-systèmes et l'importance de les préserver.
Le réalisateur et écologiste activiste Cyril Dion a témoigné sur ses combats et convictions pour préserver les espèces vivantes en évoquant son dernier documentaire "Animal". Enfin, Stéphane Hallaire, président de Reforest'Action, Laurent Boillot, président de Hennessy, Frédéric Dufour, président de Ruinart et Hélène Valade, directrice développement environnement de LVMH ont détaillé les solutions à la portée de tous et les actions du groupe pour régénérer les forêts et restaurer ainsi les écosystèmes vivants qui les composent.
"Un des piliers de notre programme est de régénérer la biodiversité. C'est indispensable d'éduquer et d'acculturer nos collaborateurs à ce large sujet qu'est la relation de l'Homme au Vivant, qui est central dans nos activités. C'est ce que nous avons essayé de faire avec ces conférences abordant différents thèmes expliqués par des experts inspirés et inspirants. L'idée est aussi de donner des points de repères, des outils de mesures, des chiffres et indicateurs précis de nos actions. Celles-ci seront toutes auditées scientifiquement en 2021 afin de suivre nos progrès dans les mois et années qui suivent", indique la directrice du développement durable de Moët Hennessy.
Des actions ciblées
Comme ces "talk series" sur la biodiversité, Sandrine Sommer multiplie les actions ciblées pour améliorer les impacts de MH sur les territoires. Côté vignobles, elle fait installer des corridors écologiques pour casser l'effet "mers de vignes" et accueillir faune, flore et pollinisateurs. Elle met en place un indice des intrants chimiques, cherche des solutions du côté de nouveaux modes d'agriculture comme la permaculture. Elle travaille étroitement avec l'association "Pour une Agriculture du Vivant" engagée pour l'agro-écologie. L'une de ses missions consiste à "engager différentes collectivités locales sur différents projets", précise la quadragénaire.
Autre défi : baisser les émissions de CO2 de Moët Hennessy. Pour ce faire, elle a demandé à EcoAct de les mesurer. Verdict : "800 000 tonnes de CO2. Pour suivre l'objectif de l'Accord de Paris, nous nous sommes fixés de réduire de -45% nos émissions d'ici 2030", annonce-t-elle. Pour réussir cet énorme challenge, toutes les activités de MH sont examinées à la loupe et optimisées. Côté packaging, Ruinart a remplacé son coffret en plastique par un étui "seconde peau" éco-conçu. "On travaille sur le recyclage du verre et l'éco-design des bouteilles. Nous accompagnons les verriers dans ce sens", ajoute-t-elle. Et puis le transport bien sûr. Ruinart a par exemple totalement supprimé l'aérien. "Nous utilisons moins de 1% d'avions pour toutes nos marques pour desservir 160 pays", confie Sandrine Sommer. Elle a signé un partenariat avec Clean Cargo, Hennessy est partenaire de Neoline et travaille sur un projet de relance de lignes ferroviaires à Cognac. Des partenariats sont en cours avec des sociétés de transport routier roulant à l'hydrogène ou électrique. En parallèle, les Maisons MH se tournent progressivement vers les énergies renouvelables et alternatives : le biogaz chez Hennessy, la biomasse chez Belvedere, la récupération de chaleurs de bâtiments chez Glenmorangie.
Consommation responsable
L'enjeu de la consommation responsable est également au coeur des préoccupations de Sandrine Sommer qui parle plutôt de "dégustation" avec une ligne de conduite "drink less, drink better" (ndlr: "buvez moins, dégustez"). "Nous mettons la sécurité au même niveau que le bien-être", souligne la directrice DD. MH a réalisé un sondage en mars pour évaluer son niveau d'inclusion et de diversité. L'engagement social de MH se spécialise selon les pays : la place de la Femme au Japon, l'intergénération en Chine, les ethnies aux Etats-Unis et les castes sociales en Europe. Chaque Maison a son positionnement. Veuve Clicquot soutient par exemple l'entrepreneuriat féminin. Enfin, des formations internes sont régulièrement proposées aux 7000 collaborateurs MH comme un Mooc de 50 minutes réalisé en partenariat avec Bioviva.