Comment innover sans détruire les ressources naturelles ?
Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à
Dans son ouvrage "Innovation durable", paru chez Pearson en décembre 2022, Laetitia Gazagnes invite les entreprises, qui sont « responsables » de ce qu'elles produisent, à imaginer de nouveaux modèles économiques, sans détruire les écosystèmes. « Allons-nous commencer à vivre en harmonie avec notre environnement ? »
Les deux questions que pose Laetitia Gazagnes sont dans l'air du temps. Plus que ça, elles semblent incontournables à mesure que nous franchissons les limites planétaires les unes après les autres. Les voici : l'innovation et la durabilité sont-elles compatibles ? Comment concevoir biens et services sans impacter nos écosystèmes ? Ingénieure et docteure en sciences, Laetitia Gazagnes tente d'y répondre dans son livre Innovation durable (paru en 2022 chez Pearson), forte de son expérience en tant que directrice Innovation dans l'industrie, en France et au-delà.
D'abord, ce constat... assez froid : « Les entreprises se sentent peu concernées par l'intégration du développement durable (mot souvent utilisé à tort et à travers, N.D.L.R.). Elles considèrent qu'il ne concerne que les firmes qui proposent des solutions vertes (énergies vertes, traitements des eaux, etc.), soit qu'il s'agit d'un problème d'ordre politique que seuls les gouvernements peuvent résoudre. » Et de préciser : « Certaines prennent tout de même quelques initiatives, mais rarement dans leur coeur de métier à proprement parler. » Or, les entreprises ont intérêt à bouger vraiment, à se mobiliser pour changer de modèle, innover de façon plus intelligente. Il en va de leur avenir.
Tenir compte de la limite des ressources naturelles
Selon elle, l'innovation peut être « durable ». Surtout, et l'auteure essaie de le démontrer, durabilité rime avec rentabilité. En tout cas, pour se maintenir en place, les sociétés, dit-elle, ont à « vraiment tenir compte de la limite des ressources naturelles dans leur stratégie ». Elle peut privilégier, pour la production de biens et services, « les ressources renouvelables, c'est-à-dire dont les stocks peuvent se reconstituer en se renouvelant au moins aussi vite que leur consommation ».
La société est « responsable » de ce qu'elle produit. Elle a à penser à long terme, à l'ensemble du cycle de vie de ses biens et services. Il faut qu'elle mesure ce qu'elle génère via ses activités, ce qu'elle rejette en énergie, en eau, de la production à la distribution, sans oublier la destruction (en pensant réemploi, au maximum).
Innovation frugale
Le mot « décroissance » n'est pas un gros mot. De toute manière, « la meilleure des innovations est celle qui nous permet de faire mieux avec moins » - ce qu'on peut aussi nommer « innovation frugale ». L'auteure explique en outre qu'il ne faut pas tout faire reposer sur... la technologie, celle-ci peut cependant être « bonne, dit-elle, si l'on s'en sert avec sagesse et intelligence ».
Limiter son empreinte n'est pas suffisant, écrit Laetitia Gazagnes. Il est du devoir de l'entreprise de réfléchir à son écosystème global, indique-t-elle, de voir comment celle-ci peut avoir un « impact positif » sur son environnement, sur l'ensemble du vivant...
« La survie de l'homme dépend des choix d'avenir »
En somme, le livre invite les responsables des entreprises à « ouvrir le capot », et puis à imaginer une feuille de route, utile afin de réfléchir à la formulation d'une nouvelle raison d'être ainsi qu'à ses missions à mettre en place pour le « bien commun ». Le débat est sérieux, alors que les effets du réchauffement climatique sont de plus en plus perceptibles. Tempêtes, épisodes de canicules ou de sécheresse, manque de pluie...
« Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la survie de l'homme dépend des choix d'avenir à l'échelle globale que sa réflexion va le mener à opérer : allons-nous commencer à vivre en harmonie avec notre environnement, en cohabitation avec tous les êtres vivants ? Au contraire, allons-nous poursuivre nos inconséquences consuméristes et destructrices ? »