Une transition à tâtons des entreprises vers une informatique durable
Publié par Shoona Woolley, journaliste le | Mis à jour le
Seulement 23% des mille entreprises interrogées par l'institut de recherche Capgemini mesurent son empreinte carbone liée à son système informatique. Et ce malgré l'utilisation quasi systématique du distanciel et de solutions numérique pour faire face à la pandémie.
Les résultats de l'étude sur l'informatique durable menée par l'institut de recherche Capgemini mettent en avant un paradoxe entre recrudescence de l'utilisation de système informatique, sans réelle considération de l'impact carbone que ce dernier représente, aux sein des entreprises analysées. Parmi le panel de 1000 entreprises, regroupant différents secteurs parmi lesquels l'assurance, la banque, l'automobile ou encore l'industrie, seulement 23% de ces dernières mesurent concrètement leur impact en termes de pollution numérique due à leur système informatique. Pourtant l'informatique durable n'est plus une nouveauté et les entreprises y sont de plus en plus attentives.
Mais dans les faits, le passage à l'action se fait long et une fois engagé peut être rendu difficile d'accès. Ce tâtonnement représente une perte de performance pour les entreprises selon l'étude publiée qui montre que les entreprises ayant mis en place une accélération du développement d'une informatique durable ont obtenus de meilleurs résultats à plusieurs niveaux. Pour 61 % d'entre elles, c'est un score ESG augmenté, une satisfactions clients en hausse pour 56% de ces entreprises et même des économies d'impôts pour près de 44% des entités interrogées.
" Au-delà de l'impératif environnemental, les avantages commerciaux sont convaincants en termes de résultats financiers, de statut social et de satisfaction des clients ", déclare Cyril Garcia, directeur général de Capgemini Invent et membre du comité de direction générale de Capgemini, à la tête de la RSE du Groupe.
Une prise de conscience difficile
La mise en place des pratiques visant à réduire son impact environnemental sur ce sujet reste complexe pour ces entreprises peu au courant. 22% seulement de ces entreprises comptent réduire d'au moins un quart leur empreinte carbone d'ici trois ans, grâce au développement d'une informatique durable.
Le constat d'un manque de sensibilisation à cet enjeu là est criant : plus de la moitié des personnes interrogées ignorent l'empreinte carbone de leur organisation, malgré leurs postes aux directions informatiques, développement durable, ressources humaines, finances et marketing. Cette lacune est premièrement due au fait que ce secteur de l'informatique durable n'est pas assez mis en avant comparé d'autres initiatives durables et parce que les entreprises ne disposent pas de réels outils de mesure pour leur impact environnemental en termes d'informatique.
" Les organisations doivent disposer d'outils de diagnostic, de stratégies et d'une feuille de route pour accélérer leur parcours vers la décarbonation. L'adhésion de toutes les parties prenantes de l'organisation sera essentielle à la réussite, de même qu'une architecture logicielle durable et un changement de comportement des collaborateurs ", précise Cyril Garcia.
Des solutions en perspective
Ce rapport propose trois solutions pour aiguiller les entreprises dans leur évolution vers un système informatique plus respectueux de l'environnement. Premièrement, les entreprises doivent établir des bases stratégiques sur cette informatique durable en accord avec la stratégie de développement durable déjà en place au sein de l'entreprise.
Vient ensuite la création d'un processus de gouvernance avec une équipe spécialisée dans l'informatique durable, allié au soutien des dirigeants d'entreprises. Et enfin, faire de la durabilité un axe essentiel de l'architecture logicielle pour rendre concrètes les initiatives informatiques durables. Les entreprises technologiques concernées sont des leviers pour décarbonater leurs opérations et normaliser la prise en compte d'une informatique durable comme nouvelle norme entrepreneuriale.
61% des entreprises sollicitées comptent sur ces entreprises spécialisées pour réduire leur impact et 45% d'entre elles se disent prêtent à payer une prime jusqu'à 5% pour des produits et services informatiques durables.