Achats responsables : un engagement de plus en plus fort
Si la plupart des organisations privées et publiques ont initié une politique d'achats responsables, le 13e baromètre de l'Obsar pointe un manque de formalisation de cette démarche.
Je m'abonneLes achats responsables gagnent du terrain. Selon le 13e baromètre de l'Observatoire des achats responsables (Obsar), neuf organisations sur dix sont engagées ou sur le point de s'engager dans une démarche d'achats responsables. "Le mouvement continue, c'est la bonne nouvelle de ce baromètre", se réjouit Pierre Pelouzet, le président de l'Obsar. Réalisé auprès de 254 responsables achats évoluant dans les secteurs privé et public, le baromètre a été présenté le 8 février.
Si la mise en oeuvre d'une politique d'achats responsables semble en bonne marche dans la plupart des organisations, l'étape de formalisation de cette démarche reste à la traîne. Seuls 47% des répondants ont réalisé une cartographie des risques (+ 7% par rapport à 2021). "Cela est encore insuffisant, la cartographie des risques est pourtant un point central pour crédibiliser la démarche achats responsables selon la norme ISO 20400", explique Pierre Quesada, administrateur de l'Obsar. Dans ce domaine, les grandes entreprises font figure de bonnes élèves. 84% d'entre elles ont réalisé une cartographie des risques en 2022 contre 70% en 2021, en cohérence avec les obligations de la loi sur le devoir de vigilance. A noter que la loi Climat amène aussi la notion de vigilance, y compris pour les organisations publiques. Par ailleurs, plus de la moitié des répondants n'analysent pas les risques ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Un chiffre qui grimpe à 70% pour les organisations publiques. Dans l'appréciation des offres fournisseurs, la pondération du critère RSE reste en dessous de 10% en moyenne. Le privé donne plus de poids aux critères RSE, comparativement au public.
Des délais de paiement raccourcis
Concernant les relations avec les fournisseurs, le baromètre souligne une réelle avancée du côté des délais de paiement. 29% des entreprises ont indiqué payer leurs fournisseurs en moins de trente jours. "Soit une progression de 10 % en deux ans, ce qui est très positif", se félicite Annie Sorel, vice-présidente de l'Obsar. Par ailleurs, 5% des répondants affichent des délais de paiement supérieurs à 60 jours. Ce sont en majorité les grandes entreprises qui accusent des retards de paiement. Pour faire face aux difficultés liées à la crise sanitaire, les répondants privilégient la prolongation des contrats, les facilités de paiement ou encore la recherche de fournisseurs locaux. D'un point de vue environnemental, la réduction des déchets et des consommations d'énergies sont les sujets les plus pris en compte dans les stratégies achats.
Du côté des critères sociaux, la santé/sécurité des personnes, les droits de l'homme, les conditions de travail, la diversité et l'égalité hommes/femmes sont, pour la majorité des répondants, jugés comme très importants ou plutôt importants. Le recours aux entreprises locales est le thème sociétal le plus plébiscité. Concernant les difficultés pour mettre en oeuvre une politique d'achats responsables, les répondants pointent un manque de temps, d'indicateurs de mesure et d'expertise interne. "Le chemin des achats responsables n'est pas un long fleuve tranquille. Mais les freins historiques, notamment les contraintes budgétaires, ont enfin baissé, après un petit rebond pendant la crise", analyse Pierre Pelouzet. La croyance qui consiste à dire qu'acheter responsable revient à acheter plus cher semble de plus en plus obsolète.