L'hydrogène, le graal de la mobilité ?
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L'hydrogène et son impact pour une mobilité décarbonée est l'un des neuf enjeux du projet Demain. Ce projet porté par Bpifrance est une démarche collective de réflexion qui vise à préparer les entreprises aux révolutions en cours.
Je m'abonneCoup de projecteur sur cette mobilité plus verte avec Edouard Combette et Alessandro Gonella, Directeurs d'investissement au sein de Bpifrance ainsi que Valérie Bouillon-Delporte, Hydrogen Ecosystem Director de Michelin.
La mobilité hydrogène, qu'est-ce que c'est ? Quels atouts ?
Edouard Combette & Alessandro Gonella (Bpifrance) : Il s'agit de l'utilisation de l'hydrogène comme vecteur énergétique des véhicules, notamment en remplacement des véhicules à moteur à combustion. L'hydrogène permet de générer l'électricité nécessaire pour alimenter le véhicule. Les constructeurs automobiles se sont, à date, massivement tournés vers les véhicules électriques à batteries, qui restent encore limités en termes de rayon d'action pour certaines applications, notamment la livraison (actuellement opérée avec des véhicules utilitaires diesel). L'hydrogène permet de pallier au sujet de l'autonomie.
Valérie Bouillon-Delporte (Michelin) : La mobilité hydrogène, c'est une mobilité électrique. Un véhicule à hydrogène fabrique son électricité en combinant l'hydrogène stocké dans le véhicule à l'oxygène de l'air. Le principal atout d'un véhicule électrique à hydrogène c'est qu'il a tous les avantages d'un véhicule thermique sans aucun des inconvénients. L'usage est semblable à un véhicule "classique" (le plein se fait de la même manière avec une pompe qui délivre de l'hydrogène) à la seule différence qu'il ne pollue pas.
Quelles applications ?
Edouard Combette & Alessandro Gonella (Bpifrance) : Les premières applications routières que nous devrions voir apparaître concernent principalement les véhicules utilitaires. D'autres marchés sont plus en avance, notamment le train pour lequel Alstom a mis au point un train à hydrogène qui pourrait venir remplacer les locomotives diesel, notamment sur des parcours non électrifiés.
Valérie Bouillon-Delporte (Michelin) : C'est l'usage qui détermine si on utilise de l'hydrogène ou de la batterie. Par exemple, l'hydrogène est une évidence pour la mobilité lourde (camions, bus, trains...) ainsi que pour la mobilité intensive (taxis, petits utilitaires de livraison...). Comparé à la place que prendraient des batteries et le temps nécessaire à leurs rechargement, l'hydrogène fait totalement sens en éliminant le frein de l'autonomie et permettant ainsi des performances économiques optimisées.
Quels sont les enjeux du développement de la filière en Europe ?
Edouard Combette & Alessandro Gonella (Bpifrance) : Outre le développement de nouveaux véhicules hydrogène à des tarifs compétitifs, l'un des enjeux majeurs du développement de la filière réside dans la capacité à produire de l'hydrogène vert en quantités suffisantes, et de manière compétitive, tout en mettant en place des schémas de distribution aussi efficace que pour d'autres énergies.
Valérie Bouillon-Delporte (Michelin) : L'enjeu actuel sur la mobilité est certainement l'un des plus conséquent des décennies passées et à venir.
Le virage à prendre est peut-être équivalent au passage du transport à cheval du début du XXe siècle aux premières voitures. En effet, la Commission européenne annonce la fin de la vente de véhicules thermiques neufs d'ici 2035. A cet horizon, ne seront donc vendus que des véhicules électriques à batterie ou à hydrogène. C'est donc un enjeu industriel qui s'accompagne de nombreux défis en matière d'évolutions des compétences, de transition des infrastructures... Le changement est dans tous les domaines. C'est une rupture de dogme qui doit s'opérer en faveur d'une mobilité qui répond aux enjeux du changement climatique.