SapoCycle recycle les savons d'hôtels
Publié par Shoona Woolley, journaliste le | Mis à jour le
Lauréat du prix régional et local, l'association SapoCycle permet de recycler les restants des savons des hôtels, destinés à être incinérés. Récompensée par la Fondation du Crédit Coopératif, l'association a mis au point un processus de recyclage efficace, solidaire et inclusif.
Primée par la Fondation du Crédit Coopératif, l'association SapoCycle a permis la distribution de 50 000 savons depuis sa création en 2018, dont près de 22 000 depuis le début de la pandémie. Fondée par la femme d'un hôtelier, Dorothée Schiesser-Peyrouzet, à la suite d'un voyage en Afrique, cette ONG veut répondre au manque d'éducation à l'hygiène. Voulant apporter une dimension sociale à son action, Dorothée travaille avec des personnes handicapées au sein de l'association SapoCycle.
Un processus de recyclage économique et écologique
Le recyclage des savons est simple et économique. Premièrement, ils ne sont pas mélangés. " Les savons sont répertoriés et numérotés selon leur arrivage, selon leur hôtel d'origine ", explique la fondatrice de SapoCycle. Puis ils sont nettoyés avec des râpes sur l'ensemble de la surface des savons.
Ensuite, les savons sont disposés dans une broyeuse industrielle pour les réduire en poudre avant d'être raffinée et unifiée grâce à un pétrin de boulanger . Vient ensuite l'étape de l' extrudeuse , adaptée aux personnes handicapées, qui récupère la pâte savonneuse pour la reconstituer en bloc de savon grâce à un processus de chauffe . " Il ne nous reste plus qu'à couper ces blocs par 100 grammes et à les estampiller de notre logo " , ajoute la fondatrice.
Bien assez à faire en France
SapoCycle travaille avec d'autres associations spécialisées dans la distribution comme les Restos du Coeur. Par soucis écologique, les savons ne sont pas emballés individuellement. " Ils sont conditionnés par 150 voire 170 puis donnés gratuitement à des organismes qui travaillent avec des personnes dans le besoin. Pour la France, on travaille à 95% en Alsace. On veut essayer d'économiser le CO2 en évitant le transport des savons, c'est pour cela que nous essayons de les faire distribuer pas loin de nos ateliers ", précise Ingrid Lins-Lang, manager de projet chez SapoCycle.
Parfois, l'association profite d'envois déjà programmés à l'étranger depuis la Suisse pour d'autres produits humanitaires, car l'ambition de SapoCycle est réellement de limiter son empreinte carbone : " Avec le processus de recyclage, nous réalisons une économie de 90% de CO2 par rapport à l'incinération des savons ", précise Ingrid.
Avec la pandémie, le secteur de l'hôtellerie semble être plus attentif aux enjeux climatiques. " Beaucoup de femmes de chambre et de gouvernantes nous sollicitent pour trouver une solution au recyclage des savons parce qu'elles en ont marre de voire tout ces savons jetés ", indique Dorothée.
SapoCycle bénéficie de cette prise de conscience et d'un réseau grandissant : " C'est beaucoup de bouches à oreilles avec les associations de directeurs d'hôtels, de gouvernantes et nous faisons aussi activement de la recherche auprès d'hôtels, car il y a de plus en plus de personnes dédiées à la RSE en hôtellerie qui nous cherchent pour trouver des solutions ", précise Ingrid.
Depuis sa création, SapoCycle a permis de collecter 10 tonnes de savons, ce qui représente près de 19 tonnes de CO2 économisées pour leur incinération.
L'association cherche désormais un système pour recycler les produits d'hygiènes liquides présents dans les hôtels.