"Acheteurs : pour faire avancer vraiment la RSE, sortez de vos bureaux !"
Au-delà des labels, certifications ou chartes qui nous aident à encadrer notre démarche, la première chose à faire est d'aller voir sur place la réalité du quotidien de nos fournisseurs : cette réalité est CONCRÈTE.
Je m'abonneIl va sans dire que la Covid est venue bouleverser la donne économique et entrepreneuriale, laquelle poursuivait son petit bonhomme de chemin avant 2020 sur la voie de la RSE. La pandémie agit comme un révélateur sur la posture de responsabilité de l'entreprise : qui va tenir ses engagements RSE ? Qui va se rétracter ou rester "au minimum syndical" ? Même si ces mutations ne sont pas encore stabilisées, on se rend compte que la RSE est un moteur d'innovation et de création de valeur.
Faire de l'expérience de la RSE, une priorité
En tant qu'acheteurs, nous sommes tous d'accord pour intégrer la RSE dans nos achats. D'ailleurs, nous avons déjà tout un volet de certifications, de notations, de questionnements à présenter à nos fournisseurs en condition préalable de tout référencement. Mais est-ce la bonne manière d'aborder la RSE et de faire avancer notre écosystème ? Au-delà des labels, certifications ou chartes qui nous aident à encadrer notre démarche, la première chose à faire est d'aller voir sur place la réalité du quotidien de nos fournisseurs : cette réalité est CONCRÈTE. Comment la relation se fait-elle entre les salariés ? Comment sont traités les bacs de récupération des encres et des solvants de nos partenaires imprimeurs ? Quel est le quotidien d'un hôte ou d'une hôtesse sur nos salons d'expo ? Il faut faire l'expérience de la RSE pour savoir où ça fonctionne et/ou dysfonctionne. Chez Hopscotch, le service performance globale a pris l'habitude, avec la Covid, d'aller télétravailler chez ses partenaires ; la compréhension de la RSE au quotidien a ainsi fait un bond stratosphérique avec cette pratique.
Faire évoluer son écosystème plutôt que le sanctionner
Si nous prenons l'engagement de ne travailler qu'avec des prestataires dits RSE, alors ce n'est pas RSE. Notre engagement, c'est de rendre les entreprises contributrices et de créer des écosystèmes vertueux. L'acheteur ne peut pas se séparer de certaines d'entre elles pour des KPI non atteints. La démarche de progrès fait partie de la RSE, c'est à nous d'éduquer nos partenaires. Pour cela, il faut dans un premier temps leur faire part de notre intention. Pour exemple "Je voudrais intégrer le secteur du handicap dans ma démarche d'achats responsables". Il faut donc se former soi-même à ce domaine puis transmettre ce savoir à son fournisseur, le former, l'accompagner et, si on pousse un critère spécifique, lui proposer les solutions qui vont avec : ce n'est pas tout d'intégrer une clause sociale handicap dans son accord cadre si ce dernier n'est pas annexé d'une liste de partenaires issus du secteur !
Le pire étant de contracter des pénalités pour des heures non effectuées. Quel est l'enjeu ? Taxer les mauvais élèves ou bien faire travailler des personnes EA, ESAT et TIH ? En formant notre écosystème, en poussant le dialogue entre les différentes parties prenantes pour qu'elles se nourrissent les unes des autres, en diffusant leurs succès, on donne une nouvelle vocation et une nouvelle résonance à la fonction achats : créateur et formateur d'un écosystème vertueux.
Nous, les acheteurs, avons une force incroyable entre nos mains : celle de faire changer les choses en conditionnant nos achats au développement durable et à la responsabilité sociale. Exerçons notre devoir.
Par Isabelle Luoni, directrice de la performance globale, Hopscotch Groupe - membre de l'Adra
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