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[EKOPO AWARDS] Pierre-Emmanuel Saint-Esprit (Manutan), Monsieur Économie circulaire

Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à

En ce début d'automne, Pierre-Emmanuel Saint-Esprit, directeur Économie circulaire de Manutan, est devenu le président du collectif EC2027 visant à promouvoir l'économie circulaire, un modèle plus responsable, plus raisonnable...

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit s'est trouvé une mission : promouvoir l'économie circulaire. Pour lui, c'est la voie à emprunter pour répondre aux défis contemporains, telle l'urgence climatique. Et pour cause : « Le modèle circulaire peut agir sur 45 % des émissions de gaz à effet de serre qu'il nous faut réduire pour respecter l'accord de Paris. » Réduire notre empreinte environnementale et... prendre en compte les limites planétaires... Oui, comme l'indique l'actuel directeur Économie circulaire du Groupe Manutan, « on a à signer la fin de la récréation » : cesser de polluer, arrêter de surexploiter les ressources naturelles. Actuellement, « seulement 8,6 % de l'économie mondiale est circulaire... La route est encore longue. »

Lui reste positif. Oui, les acteurs économiques peuvent jouer un rôle important en faisant la promotion d'un modèle plus circulaire, plus « raisonnable », plus « responsable ».


Trouver des relais

Pierre-Emmanuel l'a compris durant ses études. Encore à l'ESSEC et à l'université de Berkeley, il lance un service de lutte contre le gaspillage de produits électroniques du côté des particuliers et bientôt des entreprises. Zack, de son nom, grandit vite. L'entreprise, qui récupère les équipements pour les réparer, les reconditionner, les donner et les revendre, fait partie du top 3 des entreprises circulaires françaises, selon Tech For Good en 2020. Elle sera revendue au groupe Manutan en 2022.

Pierre-Emmanuel, lui, continue la bataille, tant à l'intérieur de son groupe, qu'à l'extérieur. Selon lui, pour que l'économie circulaire progresse, il faut des relais. En premier lieu, du côté de ses pairs, du côté des sociétés. « De plus en plus d'employeurs imaginent des solutions pour assurer la durabilité de leurs produits. » Mais il y a encore une marge de manoeuvre. « Dans l'ensemble, il manque peut-être encore des exemples de grandes entreprises ayant achevé leur transformation. Mais on peut y arriver. »

Sensibiliser, jamais cesser

D'autant plus qu'il est nécessaire et important de sensibiliser les citoyens. Ils attendent beaucoup, des sociétés, on le voit dans les études. Lui est de l'avis que « le salut ne viendra pas de leur bifurcation. Chacun a ses préoccupations, ses habitudes de consommation, et tout le monde n'a pas les mêmes moyens ». Tout de même, les choses évoluent, on le voit avec l'indice de réparabilité, mais on peut aller plus loin. « On pourrait agir sur le prix via la TVA, et créer un taux réduit de 5,5 % sur les produits issus de l'économie circulaire (réparés, réemployés ou intégrant un pourcentage satisfaisant de matières recyclées) pour créer un choc de la demande. »

C'est pourquoi il toque à la porte des décideurs. « Il manque une incarnation politique. Peu de personnes mettent ce sujet sur le devant de la scène, alors qu'il faut embarquer les gens, imaginer de nouveaux récits... Pourtant, c'est intéressant, sourit-il : on parle inclusion sociale, lutte pour la transition écologique, pouvoir d'achat. » En septembre, Pierre-Emmanuel a été président du collectif non partisan EC2027, lancé en 2021, avant l'élection présidentielle. Il rassemble plus de 250 soutiens du côté de la société civile, du monde académique et économique. But du jeu : placer l'économie circulaire au centre des préoccupations des politiques. Car, comme il le dit, « on n'a pas le choix, il faut avancer là-dessus. »

Au-delà de cette mission de plaidoyer, le collectif EC2027 se charge d'outiller - lors de rencontres, de conférences et de workshops - les acteurs économiques pour qu'ils progressent, en attendant. Sensibiliser, jamais cesser. Les jeunes aussi, puisque Pierre-Emmanuel est également directeur exécutif de la Chaire Economie circulaire de l'ESSEC. Il a des messages à transmettre à celles et ceux qui vont arriver sur le marché. Faire bouger les lignes, toujours... Cela urge !

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