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Quel rôle joue le Chief impact officer ?

Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à

Greenly, expert du bilan carbone pour les PME, a publié son premier baromètre sur le métier de Chief impact officer (CIO, ou responsable RSE). L'idée : comprendre leur feuille de route sachant que, pour la plupart, ils exercent ce métier depuis moins de 2 ans.

Un premier mot sur Greenly : pourquoi vous êtes-vous lancés dans le domaine du bilan carbone ?

Arnaud Delubac : Nous avons lancé Greenly en 2019. La croissance a été particulière, nous avons recruté nos premiers salariés durant la pandémie. En 2020, nous avons choisi de pivoter sur le modèle B2B. L'idée : traquer des données dans l'objectif de changer les habitudes des entreprises dans le domaine environnemental et participer à la lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons réalisé que les entreprises ne connaissaient pas toutes leur impact concret. Et qu'il était possible de mettre en place une technologie capable d'associer automatiquement à chaque ligne de dépense d'une société un coefficient de CO2. Voilà l'outil que Greenly a mis en place pour les PME, les TPE et les ETI volontaires.

La valeur ajoutée, une fois le bilan effectué, c'est de proposer un plan d'actions et de suggestions d'alternatives pour que les entreprises puissent réduire leurs émissions carbone. Sur chaque dépense se cache une alternative plus vertueuse. Cela peut être un changement au niveau de la flotte de véhicules (en remplaçant par exemple certaines voitures polluantes), ou du fournisseur d'énergie et de l'hébergeur. L'entreprise peut limiter ses achats d'appareils neufs, privilégier le reconditionné...

Les collaborateurs mettent la pression en interne"

Quelles entreprises accompagnez-vous, et pourquoi ?

La prise de conscience s'est accélérée avec le Covid-19. Nous aidons tout type de structures, de la brasserie du quartier à l'agence de communication et à la start-up dans tous les secteurs. Notez que chaque filière a sa propre motivation. Entre autres : les clients peuvent frapper à notre porte car ils ont l'intention d'être certifié B Corp, parce qu'ils répondent à un appel d'offres, car les collaborateurs ont cette sensibilité, et ils mettent la pression en interne afin que l'entreprise s'engage. A l'origine des demandes, on trouve des responsables RSE, mais cela peut-être également des product managers, des membres des RH, des équipes marketing...

Pourquoi avoir réalisé ce baromètre sur le métier de Chief impact officer ?

Nous nous sommes posé de nombreuses questions sur ce métier-là. Sur les missions, les objectifs, l'ambition du poste. L'idée était aussi de connaître le niveau de salaire en France, les formations associées. Nous voulons montrer que le CIO est un job avec de vraies missions, souvent à lier à la stratégie de la société, à ses ambitions, ses engagements pour la plante, un poste parfois rattaché au comité de direction de l'entreprise.

Comment construire une stratégie RSE qui a du sens"

Comment avez-vous réalisé le baromètre ?

Nous avons envoyé une série de questions à 181 entreprises, que ce soit de grands groupes ou des TPE. Nous voulions un échantillonnage le plus large possible. Souvent, elles ont bien joué le jeu, car elles avaient envie de connaître les résultats, les tendances. C'est un sujet au coeur de l'actualité, et les entreprises s'y intéressent de plus en plus.

Quelles sont les missions du métier de Chief impact officer ? Que vous-ont répondu les entreprises ?

La plupart des chief impact officers (ou responsables RSE - l'intitulé varie d'une entreprise à l'autre) ont commencé il y a moins de deux ans. C'est un métier plutôt nouveau. Les entreprises recrutent de plus en plus. Car elles s'interrogent : comment construire une stratégie RSE qui a du sens ? Par quoi commencer ? Faut-il démarrer par changer les gobelets de la cantine ou le prestataire qui s'occupe des repas ? Réduire le nombre d'imprimantes pour limiter le nombre de copies ?

Ainsi, la première mission, c'est de concevoir une feuille de route sur l'année, déterminer les premières actions. Et pour ce faire, il convient d'évaluer le bilan carbone, afin de comprendre l'impact de l'entreprise, notamment sur le plan numérique ou du côté des fournisseurs, par exemple. Cela lui permet de voir où l'entreprise peut agir, et avec quels départements travailler (la technique, le service "achat" etc.).

Le ou la CIO est un.e chef.fe d'orchestre et délègue les tâches pour lancer les opérations visant à réduire l'impact de la structure dans son ensemble. La personne ne limite pas son champ d'actions aux questions écologiques, mais elle se tourne sur les enjeux de société, de diversité et de gouvernance. Il peut être proposé aux collaborateurs d'agir une fois par mois au sein d'une association pour le bien commun, par exemple via la plateforme Vendredi.

Le Chief impact officer ? Souvent c'est une création de poste"

Quelles formations ont-elles eu ? Comment ces personnes ont-elles appris ce métier ?

Peu de personnes ont été formées à ce métier précisément. Elles étaient auparavant souvent dans les métiers du marketing, de la communication, des ressources humaines. Et ont appris sur le terrain. Ce sont des personnes plutôt autodidactes qui se lancent dans un nouveau challenge ; en général c'est une création de poste. On remarque beaucoup de jeunes, certains ont moins de 30 ans... Dans certains cas, les répondants ont commencé après la fin de leurs études. Ce sont des personnes qui veulent démarrer par un job qui fait sens pour elles.

Or, cela évolue. Aujourd'hui, de grandes écoles de commerce lancent des formations plus spécifiques : un master sur les questions de RSE/impact/environnement est proposé désormais aux étudiants... On y vient, et le métier va se structurer rapidement.

Question sur les entreprises qui ont embauché une ou CIO : pourquoi ont-elles sauté le pas en premier lieu ?

Les entreprises, en général, ne recrutent pas directement une personne sur ces sujets-là, en premier lieu. Elles ont identifié des besoins prioritaires, des initiatives à mettre en place et une personne doit s'en occuper. Car cela peut permettre en particulier d'améliorer l'image de marque, d'obtenir et de rejoindre des labels, comme la certification B Corp.

C'est le cas chez Greenly, on a nommé une personne en charge de ce dossier et ainsi de mettre en place ce qu'il faut pour atteindre ce but-là. Parfois c'est comme cela que ça commence, avant qu'il y ait réflexion sur une stratégie globale RSE. En revanche, pour de nombreuses entreprises, créer un poste de CIO est encore malheureusement en option, et c'est remis à plus tard, à l'année suivante, parfois pour des raisons de budget manquant...

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