Melek Figuet (Enseignes Casino) : "Nous avons observé une hausse de 10 % du CA sur les produits de saison"
Grâce à la mise en place en avril 2022 au sein de ses rayons primeur d'un Baromètre de saisonnalité réalisé avec le chef Mauro Colagreco, les Enseignes Casino veulent réduire l'impact carbone de leur offre, tout en oeuvrant à la défense du pouvoir d'achat de leur client, comme l'explique Melek Figuet, la directrice RSE et communication de l'enseigne.
Je m'abonneDans le cadre de sa stratégie RSE, les Enseignes Casino, qui comptent à date une soixantaine d'hypermarchés, près de 400 supermarchés et plus de 6000 supérettes et autres magasins de proximité, met l'accent sur l'amélioration de la qualité de son offre alimentaire, tout en oeuvrant à ce qu'elle reste accessible. Melek Figuet, directrice RSE et communication des Enseignes Casino, nous dévoile cette stratégie dont l'un des éléments phares est la mise en place d'un Baromètre de saisonnalité au sein du rayon primeur.
Ekopo.fr : Le Groupe Casino a lancé en avril 2022 son Baromètre de saisonnalité, afin d'orienter les consommateurs vers une consommation de fruits et légumes de saison. Quelle est l'origine de cette démarche ?
Melek Figuet : Notre stratégie RSE repose sur trois piliers : le climat, le mieux manger et les solidarités. Les Enseignes Casino n'avaient pas de démarche RSE propre jusqu'en 2020. Auparavant, seule la démarche était déployée au niveau du Groupe (Enseignes Casino, Monoprix, Franprix, Naturalia, SPAR, Cdiscount), mais sans les spécificités de l'enseigne. Lorsque nous avons mis en place cette stratégie au niveau des Enseignes Casino, il apparaissait évident qu'il fallait s'appuyer sur ce qui constitue en grande partie notre ADN : sous l'impulsion de Geoffroy Guichard était née au début du XXe siècle la première marque de distributeur alimentaire française, avec l'ambition de proposer de la qualité nutritionnelle au meilleur prix. La marque Casino est donc au coeur de nos engagements.
Le Baromètre de saisonnalité est une façon d'agir, au même titre que ce que nous faisons sur nos MDD. Aujourd'hui, près de 60 % des produits alimentaires Casino sont classés A, B ou C au NutriScore, et nous ne produisons plus aucun produit pour enfant à la marque Doodingues qui serait noté D ou E.
Agir sur l'offre est essentiel, quand on sait que l'écrasante majorité de l'impact d'une enseigne de grande distribution provient de son Scope 3, c'est-à-dire les produits qu'elle commercialise ?
En effet, être dans le concret c'est avoir un impact direct et tangible sur le contenu du panier de nos clients. Nous avons la main sur notre logistique et sur nos magasins, mais il est beaucoup plus difficile d'agir sur la totalité de notre offre, à partir du moment où nous ne fabriquons pas une grande partie des produits que nous distribuons... Néanmoins, nous faisons le choix de favoriser dans nos rayons les produits bio, locaux, les protéines végétales, etc.
Comment avez-vous réalisé ce Baromètre, et quel a été l'impact de sa mise en place ?
Nous avions conscience qu'il nous fallait de l'aide pour définir ce qu'il était nécessaire de changer. Nous avons fait appel au chef Mauro Colagreco, un Chef cuisinier proche de la nature, qui cultive lui-même ses produits sur des jardins de plus de 5 hectares. Il nous a sensibilisés à la saisonnalité. De là est née l'idée d'une sorte de "NutriScore" des saisons. Ce Baromètre est très simple : en rouge, les produits qui sont hors-saison, en vert foncé, les produits de saison, et en vert clair, les produits qui sont de début ou de fin de saison. Nous avons déployé cet indicateur sur notre site e-commerce et dans nos rayons primeur, ce qui petit à petit a permis de faire évoluer la manière dont nous travaillons notre assortiment. Au final, nous avons observé une baisse moyenne de 20 % du chiffre d'affaires sur les produits hors saison, pour une hausse de 10 % du chiffre d'affaires sur les produits de saison qui, plus abondants, sont aussi plus abordables pour nos clients !
Quelles sont vos ambitions désormais ?
Tout d'abord, nous sommes très fiers de ce projet, qui donne du sens à notre rôle de distributeur. Cette démarche a été très bien acceptée par nos clients fidèles, puisqu'une enquête menée auprès de nos porteurs de carte fidélité indique que 60 % d'entre eux attendent de nous que nous les guidions vers une consommation plus responsable. 80 % pensent que cette initiative va dans le sens d'une alimentation plus responsable et la moitié trouvent qu'elle nous permet de nous distinguer de la concurrence sur le rayon primeur. Désormais, nous voulons poursuivre nos efforts. Nous avons déjà stoppé la vente de fraises entre fin octobre et fin janvier, et celles que nous vendons à partir de février ne sont pas issues des cultures sous serre, mais de productions porteuses de labels tels que "Demain La Terre", issues des pays chauds à proximité. Nous voulons désormais poursuivre dans ce sens, et dans le sens d'un approvisionnement qui favorise l'origine France, les produits locaux et régionaux proches de nos magasins.