[Billet d'humour] Ethique et toc
Et si toutes les entreprises se mettent à acheter de l'électricité verte, qu'est-ce qui va se passer pour le consommateur lambda ? Eh bien, c'est très simple : c'est lui qui va payer la note pour maintenir les capacités de production d'électricité pilotable : "rien ne se perd, tout se transforme" !
Je m'abonneC'est décidé, Firmin ne rejettera plus de CO2 en 2050 : j'arrêterai de respirer, promis ! Bon, ça, c'est fait... Mais pour les entreprises, comment que c'est-il qu'elles vont bien pouvoir faire ?
Eh bien, c'est très simple : en jargon RSE, on parle de GES, tout s'explique ! Et pour les GES (gaz à effet de serre, tout le monde aura compris), on distingue les scopes 1, 2 et 3... soit respectivement les GES émis par les usines, les fournisseurs et la distribution des produits. Et dans le scope 2, on trouve les achats d'électricité. Il suffit donc d'acheter de l'électricité verte pour réduire son empreinte carbone... Mais comment que ça se fait que personne n'y avait pensé avant, on se le demande bien ?
Me voici donc parti en quête d'électricité verte. Bon, déjà, je me suis renseigné sur l'électricité, ça commence par là. Il paraît qu'on distingue les énergies pilotables et non-pilotables. Les énergies pilotables, ce sont celles où il suffit d'appuyer sur un bouton pour envoyer la sauce (passez-moi l'expression vulgarisatrice, mes connaissances en électricité étant assez limitées): centrales thermiques, barrages hydroélectriques... Les énergies non-pilotables, ce sont celles qui dépendent de facteurs extérieurs : les éoliennes, le photovoltaïque (car le soleil ne brille pas tous les jours, sauf pour les amoureux). Et c'est quand même pas de bol : l'électricité verte est majoritairement non-pilotable... Et encore, je passe sur les débats d'experts de Stéphane Bern sur les éoliennes et des eurocrates sur la taxonomie du nucléaire (vert ? pas vert ? peut-être bien vert fluo, qui sait ?).
Donc, si je suis une entreprise et que je veux diminuer mon impact CO2, il faut que j'achète de l'électricité verte non pilotable... Mais pourtant, à moi, en tant que particulier, il va bien falloir qu'il reste de l'électricité pilotable pour pouvoir me chauffer en hiver, ou alors pour ma voiture électrique !
Et si toutes les entreprises se mettent à acheter de l'électricité verte, qu'est-ce qui va se passer pour le consommateur lambda ? Eh bien, c'est très simple : c'est lui qui va payer la note pour maintenir les capacités de production d'électricité pilotable : "rien ne se perd, tout se transforme" !
O grandeur de la RSE ! Nos entreprises pourront gaillardement afficher une baisse de leur impact CO2, pendant que les quidams paieront la note pour elles au travers de leur facture d'électricité... Et qu'au final on va augmenter les capacités de production. Bonjour la frugalité verte.
Bon, in fine, je pense que je vais arrêter de respirer : ça, au moins, c'est une méthode sûre pour réduire le CO2. Faites passer le message : si toute la planète s'y met, on n'aura plus besoin d'acheter d'électricité verte...
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
Lire les précédentes chroniques de Firmin:
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