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Comment Roland-Garros veut réduire ses impacts

Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à

Depuis lundi dernier, le tournoi Roland-Garros a ouvert ses portes pour trois semaines de tennis. L'occasion de s'intéresser à ce qui est mis en place pour limiter l'impact environnemental de l'un des quatre grands chelems du circuit. Ekopo s'est entretenu avec la responsable RSE de la fédération française de tennis, Viviane Grou-Radenez.

Vous avez obtenu la certification ISO 20121 pour le tournoi Roland-Garros en 2014. Qu'est-ce qui a pesé en votre faveur ?

Viviane Grou-Radenez : Cela a validé un système de management responsable. L'un des points forts, à l'époque, a été notre politique vis-à-vis des parties prenantes. But de l'opération : choisir les prestataires qui s'engagent sur une stratégie RSE.

En revanche, je me souviens que l'on avait un point faible : les achats responsables. On avait des critères trop génériques. Ainsi, on a intégré des critères RSE dans nos appels d'offres pour l'organisation du tournoi dés 2015.

C'est-à-dire ?

On détermine des critères en matière environnementale et sociale, comme l'insertion ou l'inclusion. Les entreprises répondant à nos appels d'offres doivent s'engager, au moins donner un bilan précis de leur prestation.

Plus précisément, la fédération a par exemple été accompagnée par l'ONG GoodPlanet afin de déterminer les critères sur les achats alimentaires. D'une part, par rapport aux ambitions de Paris 2024. Et, d'autre part, pour respecter les objectifs de réduction des impacts environnementaux formulés par la charte des 15 engagements du Ministère des Sports que nous avons signée. Ce qui est recherché, c'est notamment une diminution élevée du poids carbone des repas d'ici 2024, et tant pour les joueurs que pour les spectateurs.

Par exemple : proposer des alternatives végétariennes. Des engagements qui ne sont pas toujours simples à mettre en oeuvre quand on vend chaque jour 50 000 repas aux spectateurs.

Les invendus alimentaires distribués chaque jour par une association

Vous avez noué des partenariats avec des associations pour valoriser les invendus alimentaires... Racontez-nous.

Depuis 2014, on travaille avec Le Chaînon manquant. Tous les matins, elle récupère les invendus alimentaires (sandwichs, salades en particulier) pour les redistribuer à des personnes vulnérables dans la journée. Cela nous arrive de participer à des tournées de distribution avec des salariés volontaires (ce qui est toutefois assez compliqué pendant le tournoi).

L'association travaille avec les traiteurs Sodexo ou encore Potel et Chabot. But du jeu: limiter au maximum le gâchis. En 2019, on avait donné l'équivalent d'un peu plus de 7 000 repas en 3 semaines.

Comment valoriser les déchets organiques ?

Les restaurants pour les médias, les staffs et les joueurs récupèrent les biodéchets dans les assiettes. 50 tonnes ont été collectées en 2019, peut-être 75 tonnes le seront cette année. Le tout finira dans un compost ou servira à fabriquer du biogaz. En 2024, il faudra absolument proposer une solution pour les biodéchets des visiteurs, que ce soit dans les stades et autour (pour respecter la loi). Or, pour l'heure, on ne les traite pas encore à ce niveau-là (il n'y a pas de poubelles dédiées dans les allées). Peut-être y arrivera-t-on en 2023.

Par ailleurs, cette année, on teste un système de consigne pour les emballages alimentaires dans un restaurant. On veut voir si cela peut marcher, tout au long de la quinzaine, comme cela fonctionne pour les bouteilles en verre.

Des dons d'habits de la part des joueurs

Avec Emmaüs Solidarité, que proposez-vous ?

Il y a des bornes de dons dans les zones des ramasseurs de balles et dans les vestiaires des joueurs pour récupérer des vêtements notamment. On collecte de la part des athlètes et des jeunes des articles de sport comme des chaussures, des maillots, des shorts, des polos qu'ils sont prêts à donner afin d'aider des personnes dans le besoin... On a collecté 1 000 biens de ramasseurs en 2021.

Et les serviettes utilisées par les joueurs durant les matchs, par exemple ?

Les serviettes sales, on demande aux joueurs de les rendre pour que le service de nettoyage puisse les laver et les remettre dans le circuit. Il y a un peu de perte (des joueurs en gardent comme souvenir), mais, en règle générale, cette pratique permet d'éviter de devoir en acheter en permanence des nouvelles.

Quelle solution ont-ils pour s'hydrater, en particulier durant les matchs ?

Cette année, on ne veut plus distribuer de bouteilles en plastique d'eau ; on leur propose des gourdes, durant les matchs aussi (qu'ils peuvent rendre pour qu'elles puissent avoir une seconde vie). C'est nouveau ! Il y a une bonbonne de 20 litres dans les frigos sur les courts. Ce changement de comportements chez les joueurs est intéressant à observer.

Valoriser le tennis-fauteuil

Enfin, qu'en est-il des balles usées ?

Les balles, au bout de neuf jeux, sont changées, durant un match. Elles sont ensuite utilisées dans des centres d'entraînements. Certaines balles sont vendues, en outre, en tant que souvenirs. D'autres, encore, peuvent être envoyées dans des clubs, sur demande de leur part.

Comment faire pour valoriser les matchs en tennis-fauteuil qui ont lieu en même temps ?

Chaque année, on lance l'événement « Tous en fauteuil », parrainé par The Adecco Group, pour sensibiliser les visiteurs, ils peuvent venir essayer de jouer à la discipline. Et cette année, pour la première fois, les finales messieurs et dames se joueront sur le court Philippe-Chatrier, pour augmenter la visibilité.

La sensibilisation est importante. D'ailleurs, on a aussi un stand qui marche bien : « la fresque écologique du tennis », inspirée de la Fresque du climat. C'est un jeu permettant de comprendre les impacts de ce sport, les transports, les matériels utilisés, l'alimentation, ainsi que tout le reste...

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