Des outils high tech au secours des indicateurs RSE

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Des outils high tech au secours des indicateurs RSE

Pour respecter la réglementation, mais aussi et surtout pour communiquer auprès des clients, investisseurs et salariés, les entreprises publient des indicateurs RSE. Encore faut-il qu'ils soient fiables. Heureusement, les outils technologiques sont là.

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Publier des indicateurs RSE devient aujourd'hui incontournable pour les entreprises. Pour celles qui ont l'obligation de produire une déclaration de performance extra-financière (DPEF), bien sûr. Mais aussi pour les plus petites structures : pour montrer patte blanche aux grands donneurs d'ordre (dans le cadre notamment du devoir de vigilance qui exige de se soucier des impacts RSE de ses sous-traitants), lors des appels d'offre qui contiennent presque toujours un volet RSE, vis à vis des investisseurs et des banques qui sont de plus en plus friands de données extra-financières...

Notons également que produire des indicateurs ESG donne du sérieux à une démarche durable, qui devient plus efficace. Car la RSE serait bénéfique pour la performance des entreprises. " Amundi a publié une étude en août 2020 rapportant que les entreprises engagées dans une démarche ESG passaient mieux la crise du Covid. On peut en effet penser que suivre des critères ESG permet de mieux se projeter dans le futur, d'avoir une meilleure visibilité et de construire un business model plus sûr ", analyse Enguerran de Crémiers, managing director chez Duff & Phelps. Par ailleurs, des indicateurs RSE peuvent être communiqués à l'ensemble des parties prenantes : investisseurs et financeurs, clients mais aussi salariés et candidats. Or on sait à quel point ce sujet tient à coeur aux nouvelles générations !

Indicateurs RSE à partir du FEC

Mais comment procéder quand on n'a ni de ressources ni de temps à consacrer à ces indicateurs RSE ? Heureusement, les nouvelles technologies sont passées par là ! Le pôle de compétitivité Finance Innovation a labellisé de nombreuses fintechs qui proposent des outils en ce sens. Citons notamment abCSR (qui vient également de rejoindre INNEST, l'accélérateur de startups de l'Ordre des Experts Comptables d'Ile-De-France) qui propose de produire des indicateurs ESG à partir du fameux fichier des écritures comptables (FEC). " A partir du FEC, 30 indicateurs RSE peuvent être dégagés comme l'exposition à la corruption, la parité hommes/femmes, la création d'emplois indirects, la contribution au territoire, la dépendance client ou encore le paiement fournisseurs " , énumère Jerôme Verdiell, CEO d'abCSR. Les émissions carbone sont également calculées à partir des achats de l'entreprise notifiés dans le FEC. " Ce n'est pas un bilan carbone, c'est plus simple, mais c'est un premier pas vers une démarche ensuite plus poussée ", avance Jerôme Verdiell.

Les entreprises qui utilisent l'outil abCSR sont en effet ensuite incitées à mener un plan d'action, grâce à un réseau de partenaires spécialisés dans ce domaine. C'est la démarche qu'a menée RTI Industries, une PME qui fabrique des raccords en acier inoxydable : après avoir fait un état des lieux de son entreprise à partir de ses données comptables et d'interviews menées par abCSR, l'entreprise a engagé des actions en étant accompagnée par un cabinet spécialisé dans la RSE. " La photographie offerte par abCSR est essentielle pour savoir où on en est, quels sont les axes de progrès... Mais il est bien, après cet état des lieux, d'initier une vraie démarche RSE ", souligne Patrick Gilbertas, CEO de la société.

abCSR n'est pas le seul outil positionné sur la RSE. Citons également K-ESG de kShuttle : dédié à des structures plus grosses, cet outil simplifie l'exercice de reporting extra-financier en collectant des informations sur différentes bases de données (bilan carbone, supply chain, sécurité au travail, RH / égalité homme-femme, etc) et en calculant des indicateurs RSE automatiquement. Chez Axionable, c'est l'intelligence artificielle qui permet de collecter des informations non structurées et donner un premier scoring ESG en temps réel. " L'objectif est d'être plus réactif et d'actualiser le scoring en fonction des publications de l'entreprise mais aussi de s'intéresser à des données plus larges comme les décisions de justice ou l'avis des parties prenantes externes comme les réseaux sociaux ", précise Jean-Philippe Rayssac, directeur finance durable au sein d'Axionable. Cet outil est à destination des analystes financiers dans l'objectif de leur fournir des données de qualité sur les entreprises qu'ils évaluent.

Une réglementation pas assez exigeante

Car la qualité des indicateurs RSE est au coeur des préoccupations : les investisseurs demandent une réglementation pour pouvoir s'adosser à des données fiables lorsqu'ils procèdent à la due diligence d'une société. " Les critères ESG présentent beaucoup d'angles morts comme la fréquence de mise à jour des analyses par les intermédiaires : les décisions d'investissements/financements peuvent s'appuyer sur des analyses basées sur des informations extra-financières datées de 3 ans", souligne Jean-Philippe Rayssac qui regrette l'absence de norme IFRS des données extra-financières.

Au-delà des outils, les entreprises ont tout intérêt à suivre un cadre clair. " Nous recommandons à nos clients de choisir un cadre de référence qui va permettre de suivre leurs enjeux ESG dans le temps. Notre conviction est que le cadre apporté par 17 Objectifs de Développement Durables des Nations Unies va connaître une forte croissance dans les prochains mois. ", rapporte Manisha Deelchand, senior manager chez 99 Advisory qui accompagne asset managers et fonds sur les problématiques RSE. On peut aussi suivre la démarche dictée par l'ISO 26 000 de l'Afnor, voire même se faire labelliser. " Le Label Afnor Engagé RSE évalue 55 critères à travers une analyse quantitative mais aussi qualitative ", décrit Alain Jounot, responsable du département RSE du groupe Afnor. Ce qui permet d'évaluer de manière fine les points forts et faibles de l'entreprise en matière de RSE. Cependant, pour Alain Jounot, il n'y a pas de démarche RSE type : des méthodes diverses sont utilisées par les entreprises labellisées. " Les principales difficultés rencontrées sont le manque de temps et la motivation des collaborateurs ", rapporte-t-il. Des freins que les outils technologiques peuvent lever.


Indexer l'épargne salariale sur des critères ESG

La RSE, les employés en sont friands, surtout les jeunes générations : pourquoi, donc, ne pas l'intégrer à la stratégie d'épargne salariale ? C'est ce que propose Go ! Epargne entreprise : l'épargne salariale des salariés de ses clients n'est pas uniquement indexée sur le chiffre d'affaire mais sur d'autres éléments. " Nous avons défini 5 critères types que les entreprises peuvent adapter en fonction de leur stratégie RSE. Il y a, par exemple, le pourcentage de femmes aux postes managériaux ", décrit Benoit Magnier, président de Go ! Epargne entreprise. L'intéressement est donc versé uniquement si les critères financiers mais aussi RSE sont remplis. Et l'épargne salariale est investie dans un des trois fonds que la société propose aux salariés d'ETI et PME. Ils intègrent tous des enjeux liés au développement durable: énergies renouvelables, accès aux ressources alimentaires et à l'eau, gestion des déchets, solutions à impact positif, etc...

 
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