La Distillerie de Strasbourg, créatrice de spiritueux en circuits courts

Publié par Julien Ruffet le 7 juin 2021 | Mis à jour le 8 juin 2021 à 15:49

Oubliez le gin anglais. Quatre amis en ont créé un made in Alsace, et ce, avec des produits bio sourcés en circuit court. L'aventure est audacieuse, car lancée au début de la crise. Sans CHR ouverts, la Distillerie de Strasbourg se réfugie dans une clientèle haut de gamme en quête de nouveauté.

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Imaginez un gin bio et local. Car en matière de spiritueux aussi, le circuit court est un atout. C'est en tout cas l'idée de quatre Strasbourgeois à la recherche d'une activité artisanale pour aiguiller leur temps libre. La branche des spiritueux s'impose naturellement : le secteur fait fureur au pays de l'oncle Sam.

Gin, vodka, etc.

"Du gin en Alsace ? C'est une spécialité locale !, rappelle Nicolas Kretz, cofondateur de la Distillerie de Strasbourg. L'Alsace est une grande région de distilleries de fruits. Alors en faisant du gin, nous nous différencions tout en surfant sur la tendance qui en fait une boisson à la mode." L'entrepreneur choie son alambic : "Il est fabriqué à quelques kilomètres d'ici. C'est une très belle pièce". La distillerie de 75 m² loge le juste nécessaire pour créer gins, vodkas et spiritueux maltés. Chaque jour, raisonnent le tintement cuivré de l'alambic mêlé au ruissellement des liquides dans les récipients. Le passionné enchaîne : "Nous sommes une micro-distillerie urbaine qui travaille localement et avec des denrées bio. Nous listons nos ingrédients sur l'étiquette, ce qui est rare sur une bouteille", précise-t-il.

Au-delà de sa transparence, la date de création est elle aussi atypique...quelques mois avant la pandémie. Les quatre amis distillent pour la première fois en janvier 2021. Trois mois plus tard, c'est confinement. "Nous avons eu la chance de garder nos travails à côté et que cela reste une activité secondaire", souligne le quarantenaire. Les néophytes remarquent dès lors la force de leur business model avec la facilité des approvisionnements des circuits courts durant la crise. En effet, un maraîcher à proximité maintient les livraisons d'aromates nécessaires aux décoctions.

Pour financer l'aventure, les associés démarrent en fonds propre et obtiennent l'aide d'Alsace Active qui réalise une garantie bancaire de 75% de l'emprunt. Ils rassemblent au total près de 100 000 euros, en plus d'une cagnotte Ulule de 2 000 euros dédiés à l'achat de l'alambic.

Moins de restau, pas moins de conso

En juillet 2020, les premiers crus sont mis sur le marché dans des caves partenaires. Et rapidement, les produits sont victimes de leur succès. Lors de la mise sur le marché de l'Esprit de Malt, les 350 bouteilles s'écoulent en moins d'un mois. "Ça a été difficile de s'implanter dans les CHR que nous ciblions initialement. Mais avec la covid, les gens ont consommé plus de spiritueux à la maison", reconnaît Nicolas Kretz.

Désormais, la Distillerie de Strasbourg compte une quarantaine de clients, dont une majorité de cavistes alsaciens. La boutique en ligne participe elle aussi au maintien du flux de ventes et représente 15% du chiffre d'affaires. Pour étendre son cercle de distribution, l'entreprise s'allie aux distributeurs de boissons afin de faciliter l'expansion commerciale. Ainsi, les entrepreneurs vendent 3 500 bouteilles en 2020 : un chiffre qu'ils espèrent doubler cette année. Côté gouvernance, le cofondateur l'assume : "la gestion à quatre n'est pas toujours simple, mais ça apporte une forte complémentarité en attendant d'embaucher".