Un conseil d'administration féminisé est plus performant
Selon une étude menée dans 24 pays par trois enseignants-chercheurs de NEOMA Business School, les entreprises ayant un nombre relativement élevé de femmes au sein de leurs conseils d'administration afficheraient des performances supérieures.
Je m'abonnePar Louise Cartier, journaliste
Ceci serait d'autant plus marqué dans les pays où l'égalité des sexes est forte.
Les entreprises où les femmes sont relativement plus présentes au sein des conseils d'administration affichent des performances globales supérieures, selon les nouvelles recherches de Samia Belaounia, Ran Tao et Hong Zhao, enseignants-chercheurs à NEOMA Business School. Cette étude, réalisée entre 2007 et 2016, se base sur un panel international composé de 1 986 entreprises cotées de 24 pays. Elle a été publiée dans la Revue International Business Review dans le cadre de l'article : " Gender equality's impact on female directors' efficacy: A multi-country study ".
Les chercheurs ont constaté que ce phénomène est encore plus marqué dans les pays où l'égalité des sexes est importante, comme en Scandinavie, où la présence de femmes dans les conseils d'administration en améliore considérablement l'efficacité. En revanche, ils ont constaté que dans les pays où l'égalité des sexes est faible, comme en Chine, en Inde et au Japon, la présence de femmes au conseil d'administration ne s'accompagne pas d'un réel impact sur la performance de l'entreprise.
En outre, une présence féminine plus forte dans les conseils d'administration va de pair avec un recours moindre à la " comptabilité créative " et moins d'excès en matière de prise de risque, uniquement dans les sociétés où les hommes et les femmes sont traités de façon égalitaire.
"Dans les sociétés caractérisées par une forte égalité des sexes, les administratrices possèdent des compétences plus importantes et ont la possibilité d'exercer une influence sur les décisions grâce à un meilleur accès aux opportunités éducatives et professionnelles", d'après les professeurs Belaounia, Tao et Zhao.
Ceci traduit le fait que dans les pays peu égalitaires, les femmes peuvent ne pas avoir le parcours éducatif et professionnel ainsi que le capital social requis pour intervenir dans les conseils d'administration de façon efficace. Or, pour que les femmes administratrices puissent exercer une réelle influence dans un conseil d'administration à prédominance masculine, leur voix doit être entendue et prise en compte de façon sérieuse.
"Si une société en général a une attitude biaisée envers les femmes, il est difficile de croire que les administratrices pourront faire entendre leur voix parmi leurs homologues masculins", expriment les professeurs Belaounia, Tao et Zhao.
Ces dernières années, les pays ont déployé des efforts législatifs croissants pour encourager la représentation des femmes dans les conseils d'administration par le biais de lois sur les quotas ou de recommandations dans les codes de gouvernance nationaux.
"Ces lois ont donné aux femmes davantage de possibilités de participer à la vie des affaires à des niveaux élevés de responsabilité, ce qui peut avoir un effet positif à long terme sur l'égalité des sexes et la performance des entreprises. Cependant, il est tout aussi important que ces lois soient accompagnées de mesures de fond visant à offrir aux femmes un accès égal à l'éducation et aux opportunités socio-économiques", affirment les chercheurs.
"Les avantages de la présence de femmes dans les conseils d'administration ne peuvent être pleinement réalisés que dans un contexte socioculturel et institutionnel où les hommes et les femmes sont traités de façon égalitaire."