B Corp : comment Beauty Disrupted a obtenu la certification

Comment en êtes-vous venu à demander la certification B Corp ?

Alban Mayne, cofondateur de Beauty Disrupted : Dès le départ, avec Svante Holm, mon associé, nous voulions créer une entreprise responsable à tous les points de vue. Nous avons d'abord réfléchi à des solutions visant à limiter les impacts négatifs... Ainsi, il a été question en premier lieu de refuser tout plastique.

80 milliards de bouteilles de shampoings et d'après-shampoings sont produites chaque année, très peu sont réellement recyclées et beaucoup finissent dans l'océan. Nous entendions également n'utiliser que de l'énergie renouvelable. Nous avons choisi en second lieu de reverser 20 % des bénéfices à des associations qui protègent la planète et combattent le réchauffement climatique.

Prendre une journée pour aider une association

Or, ce n'est pas juste l'idée de donner un chèque pour se donner bonne conscience. En ce qui concerne l'océan, nous accompagnons Sea Shepherd, ONG pour laquelle je milite en tant que bénévole par ailleurs. Nos collaborateurs ont la possibilité de prendre une journée par an afin d'aider l'association de leur choix. Pour les montagnes, nous soutenons Protect Our Winters. Ces dons permettent de soutenir des projets bien précis (exemple : la protection des tortues à Mayotte ou celle des dauphins dans le Golfe de Gascogne).

Nos engagements, non négociables, nous ont permis de sélectionner investisseurs, clients et fournisseurs. Juste avant la création officielle de l'entreprise, nous avons soumis notre questionnaire B Corp en vue d'obtenir la certification. Comme nous étions au début de l'aventure, cela a donné à l'entreprise une feuille de route, complète, systémique, afin de prendre les bonnes décisions dès le départ.

Le questionnaire B Corp, long et fastidieux à remplir

Quelles sont les différentes étapes pour obtenir ce précieux sésame ?

D'abord, il faut répondre au questionnaire, et à ces 200 questions, sans besoin de justifier ses réponses dans un premier temps. C'est long et fastidieux. Les interrogations concernent de très nombreux domaines, et en premier lieu, l'impact écologique.

On demande par exemple quelles énergies nous utilisons. On nous interroge également sur les collaborateurs, sur la gouvernance mise en place. Combien d'employés ? Combien sont-ils payés ? L'égalité entre les femmes et les hommes est-elle respectée ? L'entreprise est-elle dirigée par une personne ou de manière collective ? L'entreprise traite-t-elle ses clients avec soin ?

L'équipe d'analystes B Corp nous aide à remplir le questionnaire, puis à articuler les justifications nécessaires. Il nous faut fournir les preuves de ce que nous avançons.

Ensuite, le dossier est audité par une autre équipe. Enfin, il passe en commission, qui voit si l'entreprise est éligible, ou non. Les réponses au questionnaire donnent des points, et nous avons obtenu le score de 108,8. Il faut au minimum 80 points (sachant qu'une entreprise en a en moyenne 50).

La certification est la plus exhaustive et la plus complète sur le rôle que l'entreprise doit jouer dans la société

Ainsi avons-nous intégré une communauté de 5 000 entreprises certifiées dans le monde (dont seulement 80 en France). À noter aussi qu'il y a un coût, pour l'entreprise candidate, qui est proportionnel au chiffre d'affaires. Beauty Disrupted a déboursé 500 euros, car nous avons soumis notre candidature très tôt.

La certification est valable trois ans, et, ensuite, pour la renouveler, il faut à nouveau passer par les étapes décrites précédemment. Pour moi, cette certification est la plus exhaustive et la plus complète sur le rôle que l'entreprise doit jouer dans la société. Nous avons choisi la plus solide, la plus pertinente, à notre avis. Notre approche n'est pas d'acheter toutes les certifications existantes, mais plutôt de sélectionner les plus difficiles et les plus exhaustives.

Le dossier B Corp permet à une entreprise de s'améliorer...

Tout à fait. D'ailleurs, l'entreprise a changé ses statuts de manière à répondre aux attentes de la certification. Il était question que nous formulions différemment notre engagement et notre ambition de concevoir une société plus vertueuse pour la planète et plus juste pour tous.

Nous n'avons plus le luxe d'attendre pour agir

Cela nous a poussés à prendre la bonne direction. Par exemple, nous n'avions pas spécifiquement réfléchi à mettre en place une politique visant les femmes enceintes. Et c'est en découvrant la question sur ce sujet, que nous nous sommes rendu compte que nous devions bien sûr accorder plus de flexibilité aux collaboratrices enceintes. C'est normal.

Enfin, la certification en poche, Beauty Disrupted intègre une communauté d'acteurs engagés. Ce qui nous permet d'échanger entre nous afin de trouver des synergies potentielles et surtout des solutions. Nous n'avons plus le luxe d'attendre pour agir.