Inaction climatique et stratégie RSE : des salariés pointent du doigt leur entreprise
Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à
3,7 millions de personnes ressentent un décalage entre leur convictions personnelles en matière d'environnement et leur quotidien au travail. De nombreux salariés jugent sévèrement l'inaction de leur entreprise en matière de réduction des impacts sur la planète. D'autres ne se sentent pas impliqués. Cela peut impacter leur quotidien et leur vie privée, indique un sondage Imagreen.
Selon un sondage Kantar pour la société de conseil Imagreen, paru début septembre, 9 salariés sur 10 jugent la situation environnementale préoccupante. L'enquête (basée sur un échantillon de 1 000 salariés travaillant dans des entreprises de plus de 100 salariés) a été menée en juin dernier avant l'été caniculaire qu'on a vécu, avant les incendies qui ont ravagé l'Europe de l'ouest. 7 interrogés sur 10 modifient ainsi leurs comportements et mode de vie dans leur quotidien.
On le sait. Les citoyens, de plus en plus, demandent que leur employeur partage leurs valeurs et s'engage pour préserver la planète. Et se montrent très sévères en cas de greenwashing. Lors d'entretiens d'embauche, la question « Que fait l'entreprise pour limiter son impact ? » revient souvent...
Absence de stratégie RSE
Le sondage le démontre. Près de la moitié des personnes questionnées déclarent constater une absence de stratégie visant à limiter les impacts sur les ressources planétaires ou jugent le plan d'actions « inefficace ». La moitié, aussi, pense que leur société a à lutter contre les inégalités et un peu moins de la moitié (44 %) aimerait se voir davantage formées aux enjeux climat ou aux bonnes pratiques environnementales. Un quart des cadres (y compris membres de la gouvernance) questionnés avouent ne pas bien maîtriser la RSE (un salarié sur 2 est dans ce cas).
Mais l'étude révèle surtout un malaise. 3,7 millions de personnes ressentent un décalage entre leurs convictions personnelles en matière d'environnement et leur quotidien au travail. 4 salariés du privé sur 10, selon l'étude, ressentent une « dissonance », selon le terme employé par Kantar. Ils seraient ainsi 2,3 millions à se sentir désengagés des projets de leur entreprise, notamment pour des raisons sociales et environnementales.
Pas de confiance et communications "trompeuses"
Et cela a des répercussions d'après le sondage de Kantar. Parmi les interrogés disant ressentir une « dissonance », 3 sur 10 viennent la boule au ventre au bureau, 4 sur 10 vont vivre un conflit avec des collègues. Et prendront leurs distances. 5 sur 10 vont retarder l'exécution des tâches ou ne prendront pas d'initiatives. 6 sur 10 considèrent ne pas être impliqués dans la stratégie RSE de la société. Plus de 5 sur 10 disent critiquer, parfois ouvertement, la stratégie de l'entreprise. Certains n'ont pas confiance en elle « pour trouver des solutions dans l'avenir ». D'autres, encore (5 sur 10) disent avoir constaté que certaines communications de leur employeur étaient « trompeuses » ou « disproportionnées » dans les arguments.
Résultat : près de 8 personnes sur 10 trouvent que cette situation pèse sur leur moral et impacte leur vie privée. Et le résultat semble inévitable : 6 salariés ressentant « la dissonance » sur 10 envisagent de quitter leur entreprise.