Un hôtel en guerre contre le plastique à usage unique

Fin 2021, l'hôtel InterContinental Marseille - Hôtel Dieu a décidé de limiter l'utilisation d'emballages en plastique à usage unique. Un chemin que l'établissement, déjà détenteur du label Clé verte, a choisi d'emprunter, grâce à l'aide de l'association monégasque Beyond Plastic Med, oeuvrant sur le territoire méditerranéen. Car l'heure est grave. En 2019, 460 millions de tonnes de plastique ont été produites dans le monde, dont près de la moitié était destinée à un usage unique. Conséquence : les détritus terminent leur course dans les océans. En particulier, plus de 229 000 tonnes de déchets en plastique sont déversées chaque année dans la mer Méditerranée. D'où l'intérêt d'essayer de régler le problème à la source et de réduire notre consommation, en changeant les comportements, au quotidien. Notamment via la mobilisation des acteurs économiques.

Une démarche utile et efficace

Ainsi, l'hôtel 5 étoiles a joué le jeu grâce à l'expertise de l'association luttant contre le fléau des déchets. L'objectif, in fine, est de concevoir un hôtel zéro déchet, en quelque sorte. La route est encore longue. Mais la démarche a été enclenchée depuis l'an dernier.

Pour commencer, l'InterContinental s'est focalisé sur 18 produits en plastique à usage unique (sur les 90, identifiés lors d'un audit). Les équipes ont cherché des solutions du côté des fournisseurs, puis les ont testées à l'automne 2022. Des alternatives, sans emballage en plastique et ou réemployables et lavables ont été sélectionnées. En premier lieu, du côté de la salle de bains.

"Dorénavant, indique Bénédicte Traduc Letondal, responsable marketing & communication de l'établissement, de nombreux produits comme le coton démaquillant ou le coton-tige sont fournis sur demande et non automatiquement. » Ce qui a permis, en outre, de réduire leur consommation de 40 %.

D'autres emballages classiques ont été chassés des buffets et des chambres de l'hôtel, à l'instar du sachet de thé en plastique ou de la dosette de sucre. Le thé en vrac et une sucrière ont été privilégiés.

Autant d'initiatives qui ont permis de réduire, en trois mois, la production de déchets de 78 % en masse. « 526 kg de déchets plastiques vont pouvoir être évités sur un an », observe Céline Renouard, cheffe de projet au sein de l'ONG.

Des tests et des réflexions

La grande majorité des options sans plastique ont été retenues par l'hôtel. Mais pas facile de faire sans plastique à usage unique partout. Par exemple, l'InterContinental cherche encore une solution pour remplacer les beurres individuels empaquetés. L'idée serait d'avoir le produit frais à la coupe, mais aucun test n'a été pour l'heure concluant. Essentiellement pour des raisons d'hygiène et de praticité. Mais l'InterContinental n'a pas dit son dernier mot et continue de chercher un plan B sans emballage plastique jetable. Idem en ce qui concerne l'hygiène alimentaire : l'emballage - pour protéger les aliments - est très utile, et il est « difficile » de s'en passer en cuisine, comme le souligne Bénédicte Traduc Letondal.

Prochaine étape importante : la suppression, notamment, de l'ensemble des bouteilles d'eau en plastique, proposées aux clients (jusqu'à 400 par jour, environ, peuvent séjourner à l'hôtel). Une première fontaine à eau filtrée a été installée, et la réflexion se poursuit au sujet de l'option de l'utilisation de gourdes, un produit plus coûteux pour l'établissement.

« 5 000 euros ont été dépensés en achat d'alternatives durables, mais l'investissement a été amorti en trois mois », ajoute Bénédicte Traduc Letondal. Preuve que la voie du zéro déchet est tout à fait envisageable à long terme... et dupliquable ailleurs. En tout cas, l'asso Beyond Plastic Med veut y croire et incite les établissements à sauter le pas...